Dans le désert des couleurs, chaque grain de sable est un souvenir perdu et oublié. Marcher dans les dunes, c’est voir sa mémoire s’effacer. Alors pour se protéger, l’humanité s’est réfugiée dans le cratère d’un volcan. Mais depuis quelque temps, le sable monte chaque jour le long de ses pentes, prêt à l’ensevelir.
Malgré les risques, Kabalraï, fils du marchand de sable, et Irae, sa demi-sœur, s’aventurent dans les dunes multicolores pour trouver un nouvel endroit où s’installer. Mais le désert est dangereux et une fois qu’on s’y engage, il est difficile de ne pas s’y perdre…
L’avant-dernier livre d’Aurélie Wellenstein, paru il y a un an (toujours chez Scrinéo) est l’un de ces romans qui invite au voyage et qu’on quitte à regret une fois arrivé à destination. Une quête initiatique, un frère et une sœur qui vont devoir tout quitter pour essayer de sauver leur peuple, à moins qu’ils ne se sauvent eux même ?
L’histoire se passe dans un futur lointain (?), la Terre s’est désertifiée à cause des humains, un groupe de survivants voit son refuge grignoté inexorablement par le sable année après année. Des expéditions sont envoyées à travers le désert pour localiser un nouvel abri. Cependant, en plus de mordre les chairs, le sable égratigne aussi les âmes et arrache aux voyageurs leurs souvenirs. Il faut donc, en plus de chercher un nouveau refuge pour l’Humanité laissée derrière eux, que nos explorateurs ne se perdent pas eux-mêmes en arpentant le chemin.
Difficile de ne pas voir dans ce livre une référence à « l’Histoire sans fin » de Michael Ende et son autre désert des couleurs. Certains y trouveront peut-être aussi des parallèles avec « Port d’âmes » de Lionel Davoust, ou avec « la horde du Contrevent » de Damasio, ainsi que des résonnances avec certains textes d’Aurélie Wellenstein comme « Yardam » pour le côté psychologique ou « Mers mortes » pour sa relation avec le vivant.
Avec ses quelque 330 pages, le roman défile rapidement, comme le vent sur les dunes du désert des couleurs, les personnages évoluent, grandissent durant leur voyage. La narration est teintée d’une mélancolie qui s’accroche à nous, tels les grains de sable, longtemps même après que l’on a reposé le livre. Mais pas de fatalité, l’espoir perdure, même si pour cela il faut puiser au fond de soi.
Cet ouvrage plaira aux lecteurs en quête de dépaysement, de cheminement intérieur et de paysages à couper le souffle.
Aurélie Wellenstein sera présente au Festival Etrange-Grande les 17 et 18 septembre 2022. Une parfaite occasion de la rencontrer et d’en savoir plus sur son œuvre.